Adrien Krasniqi
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Les aventures de Jack Dutapis

INTRODUCTION


M. et Mme Dutapis vivaient dans une petite rue dépourvue de soleil.
Ainsi, et dans la pénombre, Véronica Dutapis mit au monde un bébé.

A première vue, tout était normal. C'était un bel enfant. Il était grassouillet, souriait sans s'en rendre compte.
Il avait les yeux noirs et ronds comme des billes. Ils l'appelèrent Jack.
Mais le doute s'installa dans le couple quand le petit, à trois mois, sauta de la fenêtre de sa chambre, au premier, et retomba par terre sans aucune égratignure.
Puis, pour donner à ses parents une plus grande frayeur encore, il leur dit :
«Je compte me présenter au prochain J.O. ».
Véronica manqua de s'évanouir. Elle eut juste la force de bégayer :
« Tu.. .heu.. .tu parles ?
- Un peu que j'parle, Mam'selle, lui répondit-il, car je suis un sauveur ! Vous n'étiez donc pas au courant ? Incroyable ! Et bien, figurez-vous que je suis une sorte de SUPER-BEBE. J'ai des dons surnaturels. Je devais venir au monde pour assurer votre descendance. Bien sûr, je suis immortel. Mais vous aussi, ne vous inquiétez donc pas.

- Nous sommes immortels ? répéta M. Dutapis.
- Oui, lui répondit son fils.
- Mais alors, s'enquit Mme Dutapis, pourquoi aurions-nous besoin d'une descendance ?
- L'union fait la force ! se contenta d'annoncer Jack.
- Ce qui veut dire ? questionnèrent ses parents.
- Ce qui veut dire, eh bien, qu'à plusieurs, on défend mieux la terre contre les démons, que tout seul. »

Quel choc ! Ainsi donc les Dutapis devenaient sorciers en une seconde ! Et tout ça.. .parce qu'ils avaient un fils sorcier ? C'était incroyable !

Le couple ne cessa de questionner l'enfant.
« Quel genre de pouvoirs aurons-nous ?
- Vous verrez.
- Quels genres d'habits ?
-Vos vêtements habituels.
- Y a-t-il d'autres familles comme nous ?
- Quelques-unes, quelques-unes... »

Que c'était fatiguant pour le pauvre Jack ! Il ne pouvait dormir cinq minutes sans que ses parents viennent lui poser des questions auxquelles il avait déjà répondu.
Et s'il leur disait qu'il y avait déjà répondu, ils lui répondaient :
« On ne s'en rappelle plus. »

Il est vrai que cette histoire est surprenante. Un petit bébé qui naît, qui connaît tout de la vie, et qui explique des choses à ses parents...

D'ailleurs, Jack grandissait de trois centimètres chaque semaine. Il s'arrêterait à une certaine taille, un jour.

Il faut que vous sachiez plusieurs choses sur le monde des dons surnaturels. Il y a, tout d'abord, certains types de familles de sorciers. En fait, il y en a deux.
Le premier, et c'était donc le cas chez les Dutapis, est un peu particulier.
Un enfant doit naître, qui connaît tout déjà de la vie, et qui expliquera à ses parents qu'ils font partie du monde de l'EXTRAORDINAIRE.
Le second, beaucoup plus fréquent, est très simple. Les parents ont déjà des pouvoirs quand l'enfant naît, et c'est eux qui lui apprennent. Mais cela n'empêche pas que les enfants aient une croissance accélérée, comme Jack.

Continuons maintenant avec les démons. Ils se cachent et personne ne les croise jamais. Ils surgissent soudain, un jour, et tuent, font peur, bref, tout ce qui n'est pas gentil du tout.
Les sorciers, comme Jack, doivent les anéantir, pour que le monde aille mieux.

* * *

Les questions à Jack se succédèrent toute la nuit après l'annonce du garçon. Il ne pouvait donc pas dormir.
Ses parents pensaient qu'avec des dons, on n'avait pas besoin de passer une grande nuit. Mais ils se trompaient. Les sorciers, aussi bien que les humains, ont besoin de sommeil.
« Quels habits ?
Quels pouvoirs ?
D'autres familles ? »

Toujours les mêmes questions qui revenaient et ne cessaient d'embêter Jack.
Le jeune garçon fut obligé de s'enfermer à double tour.. .pour passer les cinq dernières minutes qui lui restaient de sommeil ! Le pauvre...

Le lendemain de l'annonce, il expliqua à ses parents qu'il devait leur apprendre quelques pouvoirs élémentaires. Ils furent excités à cette idée et recommencèrent leur RAM-DAM.
« Quels habits ?
Quels pouvoirs ?
D'autres familles ? »

Jack s'entêta une dernière fois à leur expliquer qu'il avait déjà répondu à ces questions, et ils s'entêtèrent à lui dire la même réplique :
« On ne s'en rappelle plus. »

Le pauvre Jack vivait un enfer plutôt qu'une joie, du moins le jour de l'aveu et celui qui suivit.

Avant de commencer les cours, il déclara :
« Les démons que nous allons affronter ne sont pas de charmants êtres qui prendront un thé ou un café avec vous. Bref, n'hésitez pas à.. .tuer. »


Puis l'enseignement commença...

1

CHAPITRE N°1 : LE LABORATOIRE



Il fut d'abord difficile pour les parents de Jack d'admettre qu'ils appartenaient à un monde nouveau.
L'impression qui les avait parcourus quand les explications étaient sorties de la bouche de l'enfant avait d'abord été la peur, la terreur...
Mais en y réfléchissant bien, ça n'était pas si terrifiant. Non ! Cela commençait même à devenir excitant !
Déplacer des objets par la force de l'esprit !
Voler !
Ah ! Que cela devenait chouette !

* * *

L'une des nombreuses pièces de la maison était un vieux laboratoire poussiéreux, petit, vieux, bref tous les défauts du monde, oublié du couple Dutapis depuis fort longtemps déjà.
Cela dit, ce fut pourtant la pièce que choisit Jack pour enseigner à ses parents tous les secrets magiques du monde de L'EXTRAORDINAIRE.
Son père et sa mère n'étaient pas moins excités, mais ils s'étaient calmés car leur fils leur avait dit que s'ils continuaient, il ne leur enseignerait rien.
Ainsi donc il avait trouvé la technique, et enfin, car les deux jours passés étaient vraiment très fatigants.

« Bon, commença-t-il, nous voilà prêts.
Aujourd'hui je vais vous apprendre trois pouvoirs :
la télékinésie, grâce à quoi vous pourrez déplacer des objets par la force de l'esprit,
les mains électriques, comme cela vous pourrez lancer de puissantes décharges avec vos mains,
et enfin, la téléportation, qui est sans doute l'un des pouvoirs les plus maniables et les plus intéressants. »

Ses parents se regardèrent, interloqués.
« Et bien, dit sa mère, tu ne nous dis donc pas à quoi sert la téléportation ?
Mais.. .mais.. .on veut savoir ! bégaya son père.
Tout à l'heure. »
La réponse était claire et nette.

* * *

Comme Jack voyait que ses parents n'étaient pas contents qu'il ne leur ait pas dit à quoi servait la téléportation, il débuta son cours avec ce pouvoir.
« Nous y voici. »

Ses parents sautillaient de joie, comme des gamins de cinq ans, à l'idée d'apprendre des pouvoirs. C'était ridicule ! On aurait dit que Jack était un adulte dans un corps de gosse, et son père et sa mère, le contraire !
Mais cela se comprenait.
Qui n'a jamais rêvé de voler, de déplacer des objets par la force de l'esprit, ou autre ?
Je crois bien que la réponse est PERSONNE.
Car on imagine qu'avec des pouvoirs, le monde est bien plus facile.

Quand on est enfant, on se dit :
Ah ! Si seulement j'étais magicien ! Je pourrais voler pour aller à l'école, faire mes devoirs en ayant les réponses etc...
Et quand on est adulte :
Ah ! Ma vie serait bien mieux si je possédais des dons surnaturels ! Je n'aurais pas besoin de travailler ! Je
dirais : ABRACADABRA argent, et j'aurais une montagne d'or sous mes yeux. Et si je pouvais voler ! Je survolerais tous les pays ! Mon Dieu ! Si seulement tout cela pouvait arriver !

Ne vous inquiétez donc pas, messieurs, dames. Peut-être qu'un jour, vous aurez un bébé magique, comme Jack?
Mais bon. Revenons-en à nos moutons.

Le couple Dutapis était fou de joie, et cela se comprend, comme on vient de le prouver. Aussi Jack ne les fit pas languir d'impatience plus longtemps.

« Bon, dit-il, la téléportation. C'est très simple, comme je vous le disais tout à l'heure. Ce pouvoir consiste... »
Il ne put terminer sa phrase. Son père l'avait coupé.
« Merveilleux ! avait-il déclaré.
- Comment peux-tu savoir que c'est merveilleux, papa ? Je n'ai même pas fini ma phrase !
- Mais c'est merveilleux tout de même !
- D'accord. Mais laisse-moi finir.
- No problemo, mon fils !
-Très bien. Je disais donc que ce pouvoir consiste...

- Merveilleux !
- Mais enfin ce n'est pas possible ! Etes-vous bêtes ? Oh, et puis zut ! Restez comme vous êtes, je ne vous apprends plus rien ! »

Puis il quitta la pièce, en claquant violemment la porte...

* * *


« Allez, Jack, reviens ! C'était juste une blague ! S'il te plaît !
Non ! Allez trouver quelqu'un d'autre ! »

Les Dutapis avaient supplié leur fils toute la soirée pour qu'il leur apprenne les pouvoirs, dans le calme, cette fois-ci.
Du moins, c'était ce que Véronica disait. Le petit se décida finalement, le lendemain. Des démons allaient les attaquer. Il devait jouer son rôle. Il ouvrit la porte de sa chambre, et cria :
« Tous au laboratoire ! »

Ses parents furent fous de joie.
Tous les trois ensemble, ils descendirent l'escalier de bois qui accédait au vieux laboratoire.
Là, Jack entreprit de recommencer la phrase qu'il n'avait put terminer, à cause de son père.
« Bon. Vous êtes prêts ?
- Oui
Très bien. »
Il marqua une courte pause.
« La télékinésie, donc, est un pouvoir simple et facilement maniable. A quoi sert-il ? A aller d'un endroit à l'autre en une seconde.
- Comment faut-il faire ? questionna sa mère.
- 'y arrive. Vous avez juste à penser très fort à l'endroit où vous voulez apparaître, et vous y serez, comme je le disais, en une seconde. Démonstration. »

Il se concentra et, sous les yeux de ses parents, ébahis, il disparut pour réapparaître derrière la porte du vieux laboratoire.
« Jack ? Jack ? Où es-tu ? »
Il rentra.
« A vous, dit-il, papa ? »
Son père se concentra et cela marcha. Il disparut quelques minutes, et réapparut avec une glace à l'italienne à la main.

2

« Où étais-tu ? le réprimanda sa femme.
Chez le marchand de glace, bien sûr !
Très bien, dit Jack, maman ? »

Sa mère fit de même que M. Dutapis, mais revint avec une ordonnance.
« Hein ? s'étonna son mari.
- Oui. Je me suis téléporté dans notre chambre. Voilà ton ordonnance de régime. »
Puis elle prit sa glace à son mari, et la jeta à la poubelle.

Les Dutapis avaient bien maîtrisé le premier pouvoir. Nous allons voir ce qui se passa pour le deuxième.


***

« Bien, déclara Jack, nous allons voir le deuxième pouvoir dans quelques instants. Mais d'abord, je tiens à vous dire une chose importante.
- Laquelle ? demanda Véronica.
- Il y a certains endroits où la téléportation est impossible. Ils sont généralement protégés par un charme.
- De quels genres d'endroits s'agit-il, exactement ?
- Il y en a de toutes sortes. Je ne pourrai pas vous citer d'exemple, il y en a tellement !
- Mais, où est le problème, de toute façon?
- Et bien, nous devrons toujours restés groupés, à partir d'aujourd'hui. »

Puis il se tut un petit moment.
« Où en étais-je, déjà ? Ah oui ! Le deuxième pouvoir. J'espère que cette leçon se passera aussi bien que la première. Le pouvoir dont je vais vous parler maintenant est surnommé « les mains électriques ».
Comme je vous le disais, il sert à envoyer de violentes décharges autour de nous. Il est clair, bien sûr, que nous ne devons user de ce don que contre des démons, et non pas pour nous amuser. Mais vous pouvez utiliser la téléportation quand bon vous semble, en revanche, ainsi que le troisième pouvoir que je vous enseignerai après. Bon. Nous pouvons commencer, je pense.
Vous êtes prêts ?
- Prêts.
- Ne tardons pas. Comment utiliser ce pouvoir ? Vous devrez bien me regarder, car ce n'est pas facile au début. »

Il faisait tellement beau dehors, que le vieux laboratoire, d'habitude sombre et sinistre, était illuminé.
Le soleil filtrait par une petite fenêtre en hauteur.
Jack reprit :
« Il est difficile de manier ce pouvoir comme vous le savez. Pour l'utiliser, vous devrez dire dans votre tête :
ELECTRASENDA, puis pointer votre main sur la chose que vous désirez électrocuter. Démonstration. »

Jack, qui maîtrisait bien ses dons surnaturels, lança un éclair, mais le rattrapa avant qu'il n'ait touché quelque chose. Puis il reprit :
« A vous. Nous allons continuer dans le même ordre que tout à l'heure. Papa ?
Oui. »
Son père s'avança, pensa très fort dans sa tête :
ELECTRASENDA.

Une catastrophe imminente s'ensuivit. Il cassa : une chaise d'antiquité, un beau vase, une étagère et enfin, pour finir, un très vieux coffre.
Mme Dutapis se contenta simplement de faire un énorme trou dans le mur, ce qui, me direz-vous, est déjà pas mal ( ! ).

« Et bien, dit Jack, ce n'est pas fameux ! Mais c'est normal. Il faut que je vous explique une autre chose à propos des « mains électriques ». Quand vous lancez une décharge juste pour vous entraîner, il faut la rattraper avant qu'elle n'ait touché quelque chose. Pour cela, vous devrez dire dans votre tête :
REVIANOS et tenir votre main prête à reprendre sa décharge.
Il est clair que la prochaine que vous lancerez sera donc
moins puissante, car vous l'aurez déjà utilisé une fois. Bon. C'est à vous. Papa ? »
Son père essaya, sans succès. Il fracassa une nouvelle étagère. Ce fut pareil pour sa femme.

Aussi Jack décida-t-il qu'ils s'arrêteraient là pour aujourd'hui, et qu'ils reprendraient le lendemain. Pour une fois, ses parents furent d'accord.

Jack dormait d'un sommeil de plomb. Rien, je crois, n'aurait pu le réveiller. Mais, en revanche, de l'autre côté du couloir, on ne dormait pas du tout .
M et Mme Dutapis révisaient leurs « éclairs ». Une partie de la chambre était sens dessus dessous.
« Moi, disait Véronica, j'y arrive !

Ce qui n'était, bien sûr, pas la vérité. C'était elle qui avait fait le plus de dégâts dans la chambre. Et son mari lui répondait :
A moi ! »
Puis il se contentait d'achever le travail inachevé. Si bien qu'à la fin de leurs essais, on ne savait plus trop ce qu'était cette pièce où ils étaient allongés.

Quelle ne fut pas la surprise de Jack, qui vint trouver ses parents très tôt, le lendemain, pour continuer l'entraînement
« Mais qu'est ce que...
- On s'est entraîné.
- Oui. Je vois bien.
- Mais maintenant, nous y arrivons.
- On verra ça au labo.
- Très bien.
- Allons-y. »

Puis tous les trois ensemble, comme la veille, ils descendirent l'escalier qui menait dans la « classe ».
Jack déclara : « Je vous en prie. C'est à vous.
Je commence ! dit son père.
Non ! Moi ! répliqua sa mère.
- Moi, j'ai dit.
- Moi, un point c'est tout.
- TAISEZ-VOUS !!!!!!!!! »

Mme Dutapis et son mari se calmèrent. Véronica proposa :
« A toi l'honneur.
- D'abord les femmes.
- C'est vrai. Alors, je commence.
- Vas-y. »

Elle se mit au milieu de la pièce. Le coeur de son fils battait de plus en plus fort II fallait qu'elle y arrive.
Les démons n'allaient pas tarder à rappliquer. Et elle réussit ! Elle lança un éclair. Juste au moment où il allait pulvériser une table, on le vit revenir dans la paume de Véronica.

3

« Bravo ! dirent en choeur son mari et Jack.
- J'ai réussi ! triompha-t-elle.
- Très bien. Papa ?
- Oui. Je suis prêt »

A son tour, il réussit Jack était très fier de ses parents. Il fallait leur apprendre le dernier pouvoir...


* * *


« Je suis fier de vous.
- Merci.
- Il faut que vous soyez aussi perspicace cette fois-ci, pour le don surnaturel que nous allons aborder maintenant.
- D'accord. Bien.
- Le troisième pouvoir est la télékinésie. Il consiste à déplacer des objets par la force de l'esprit
Vous devez fixer l'objet que vous voulez déplacer. Dès qu'il se soulève un peu, vous déplacez votre tête pour tracer la trajectoire de l'objet en question. Exemple. Regardez ce livre, là-bas. Je vais le poser sur la table. »

Le garçon fixa le bouquin, comme s'il eût été en colère contre lui. Puis il traça avec sa tête, comme il l'avait dit, la trajectoire jusqu'à la table. Le livre se posa, bien gentiment .
Puis Jack dit :
« C'est à vous. Papa, maman a commencé la dernière fois. C'est donc à toi cette fois-ci ».
« J'y vais. »
Etrangement, M. Dutapis réussit du premier coup.
Après, ce fut au tour de sa femme, qui souleva un vase, mais rata la trajectoire. Et l'objet vint se casser droit.. .sur la tête de Jack.


* * *


Véronica monta les escaliers jusqu'au premier aussi vite qu'elle le put . Son fils était dans les pommes à cause d'elle. Elle entra dans sa chambre à toute vitesse. Tous les dégâts avaient été réparés. En entrant, il y avait le lit en face de la porte. A sa droite
aussi bien qu'à sa gauche, il y avait des commodes avec des
lampes de chevet. A côté de celle de gauche, il y avait une autre porte. C'était celle d'une salle de bains.
Mme Dutapis avait pris un seau en bas, et elle le remplit d'eau. Elle redescendit le plus vite possible.
Arrivée au labo, elle renversa son seau sur le visage de Jack. Celui-ci se réveilla en sursaut.
« Mais… qu'est-il arrivé ? »

Véronica lui expliqua.
« Il faut que tu travailles, maman.
- C'est ce que je vais faire.
- Réessaye.
- Laisse-moi souffler deux secondes.
- Non. Vas-y maintenant.
- Très bien.

Elle entreprit de réussir ce qu'elle avait raté quelques instants auparavant Cette fois - et c'était plus prudent ! -, elle fit voleter un magazine. Et cela réussit !

« Bon, dit Jack, vous connaissez maintenant les trois pouvoirs .
- Et maintenant ? questionna sa mère ?
- Maintenant, les démons...
- Quand ?
- Ca peut être maintenant, aussi bien que dans dix jours.
Ils peuvent apparaître n'importe où, n'importe quand ? »
- Très bien.

Puis ses parents disposèrent. Il fallait se tenir prêt. Car les démons n'étaient pas loin...

CHAPITRE N°2 : LE DUO FRACASSANT




Jack avait très bien entraîné ses parents les deux jours précédents. Ceux-ci savaient maintenant utiliser la
télékinésie , « les mains électriques », et, très utile, la téléportation.
Même s'ils avaient eu un peu de mal à tout apprendre, ils étaient prêts, maintenant, à affronter les démons. Jack les avait prévenus que ceux-ci pourraient apparaître n'importe où, n'importe quand. Il leur avait recommandé de se tenir à l'affût.

Véronica et son mari, dans leur lit, cette nuit-là, furent satisfaits d'eux-mêmes. Ils avaient appris les trois pouvoirs.
Eux qui, au départ, avaient eu peur de se trouver mêlés à toutes ces histoires de « démons, pouvoirs » et autres, étaient peut-être, en ce moment, l'homme et la femme les plus heureux de la terre. Ilsallaient aider le monde ! Ils allaient sauver des vies ! Non ! Ce n'était pas un rêve ! C'était la réalité ! Et, de toute façon, même s'il eut s'agit d'un rêve, cela eut été tout de même l'un des plus beau du monde.

Jack, de son côté, ne pensait pas la même chose. Son coeur battait à tout rompre tellement il était inquiété par les démons. Ses parents seraient-ils à la hauteur ? Ceux-ci avaient plutôt l'air de prendre l'affaire comme un jeu. Mais ce n'en était pas un...
Ils risqueraient la mort à chaque fois.
Mais il n'y avait pas de risque. Les Dutapis étaient bien entraîné et ils sauraient comment s'y prendre.


Hors, au même moment, dans la rue, une jeune fille marchait dans la brume. Ses cheveux clairs flottaient
dans le vent ; iI faisait un froid de canard. La jeune fille passait justement dans la rue des Dutapis, lorsqu'une plante géante surgit de nulle part et saisit la malheureuse. Elle la serra le plus fort qu'elle put.

L'étreinte était si forte que la jeune femme ne pouvait plus parler. Elle était là, en train d'étouffer, et personne ne viendrait la secourir...
Mais, par chance, Jack avait laissé un rideau entrouvert et aperçut la scène qui se passait dehors, juste devant sa maison. Il se mit à crier :
« Maman ! Papa ! Démon ! Démon !»

Ses parents se levèrent d'un bond. Ils avaient peur, mais ils aimaient bien cette sensation. Le premier démon !
Comment était-il ? Véronica s'imaginait déjà un ogre, un vampire, ou quelque chose comme ça.

Et quand elle sortit, elle poussa un cri d'épouvante.

4

« Mon dieu ! Qu'est-ce que c'est que ça ?
Tu le vois bien, non ?
Une plante géante ?
Gagné. Vite ! Pas de temps à perdre ! Electricité ! Maintenant ! »

Mais la plante, déjà, avait relâché sa victime, et donna un violent coup dans la nuque du pauvre Jack, qui s'effondra sur le trottoir. La jeune fille aux beaux cheveux ainsi que Jack étaient inconscients, et ils gisaient, tous deux, sur le trottoir.
Alors la plante se tourna vers le couple Dutapis.
Elle dit même, mais les deux mariés ne l'entendirent pas :
«Je vais vous tuer...»

Véronica se tourna vers M Dutapis et lui dit :
« Ne jamais se séparer.
Je sais, je sais.
Qu'est-ce qu'on va faire ?
Je n'en sais rien. La téléportation ?
Bonne idée. Tous les deux ensemble. »

Ils le firent. Mais la plante avait fait volte-face et les attendait déjà.
« C'est une tenace.
Je te le fais pas dire. »

M. Dutapis venait d'esquiver un coup qui lui était adressé.
La plante n'avait pas l'intention de se laisser faire. Elle s'enfuit...


* * *


Quand Jack se réveilla, quelques instants plus tard, ses parents étaient absents.
La jeune femme qui s'était fait agressée ne tarda pas non plus à se réveiller.
« Bonjour, dit-elle, que s'est-il passé ?
Et bien, une plante...
Ah oui ! Cette plante ! Mon dieu ! C'était horrible ! Qu'est-ce qu'elle était grosse ! Elle était vivante ! Je n'ai jamais vu ça ! Qu'est-elle devenue ? »
… il manque quelques lignes*


Oui, c'est vrai. Je peux, vous êtes sûrs ?
Il n'y a pas de problème.

« Vous voulez, proposa Mme Dutapis à la jeune fille, une petite crêpe maison ? Cela me ferait très plaisir, vous savez.
J'accepte avec plaisir.
Très bien. Je vais même en faire pour tout le monde. »

On était à table. Les crêpes étaient délicieuses. La jeune fille posa plusieurs questions aux Dutapis.
« Vous habitez ici depuis longtemps ?
Ca va bientôt faire dix ans.
Cela vous arrive souvent, d'aider les gens comme vous venez de le faire ?
Et bien, en cas d'urgence, oui.
Vous êtes vraiment gentils ! »

Elle marqua un temps d'arrêt.
« Les crêpes sont délicieuses, mais j'ai très sommeil.
Jack va vous montrer la chambre d'amis. »

Le petit accompagna donc la jeune fille jusqu'à la chambre, où elle dormit comme un loir.
Le lendemain, elle remercia chaleureusement ses sauveurs puis elle partit.
La première victoire des parents de Jack...


* Note du transcripteur

CHAPITRE N°3 : UN NOUVEAU POUVOIR ET LES MARABOUTS DE PENKTESH




Le calme régnait dans la maison des Dutapis, au 8, rue des Augustins, ce jour-là.
La veille, c'était justement le contraire.
Les parents de Jack - et celui-ci en était très fier- avaient vaincu un premier démon, une plante géante, après deux jours de travail.
Ils avaient déjà sauvé une vie : celle d'une jeune fille pâle aux cheveux clairs dont lenom était Mirela.
Il y avait de quoi être fier. Mais pourtant, les parents de Jack ne se vantaient en aucun cas. Ils vivaient une journée banale. Ils s'étaient levés, avaient déjeuné. Ensuite, ils avaient pris leur douche.

Et ce fut seulement l'après-midi que Jack annonça :

« Bravo ! Vous avez été fabuleux, hier. Cela mérite bien d'apprendre un quatrième pouvoir.
- Comment ? Tu nous avais caché un pouvoir ? questionna sa mère.
- Vous croyiez les avoir tous appris ? Mais enfin ! Il y en a des centaines au moins !
-Tu vas tous nous les enseigner ?
- Je ne crois pas. Tout comme vous, il y en a des dizaines que je ne connais pas, moi non plus. On les apprend au cours de son existence. Peut-être que vous rencontrerez beaucoup de personnes, en mesure de vous en expliquer à chaque fois de nouveaux.
Les marabouts de PENKTESH, par exemple, connaissent tout un domaine sur la magie. Il y en a certainement qui connaissent même tous les pouvoirs du monde. Mais pour arriver à ce point, il faut des années de travail, et je ne veux pas de cette vie-là. Mais si vous le voulez vraiment, nous pourrons aller à
PENKTESH. Ce n'est qu'à quinze kilomètres d'ici ».

« Je n'en ai jamais entendu parler » ! s'étonna sa mère.

« C'est normal. Seuls les gens comme nous sont au courant. La ville ne se voit même pas. Elle est construite en
hauteur, sur plusieurs hauts arbres. Le fondateur est un certain
« YAKOLENDA ». Il porte toujours d'étranges tenues, fabriquées en peaux de bêtes. Son collier est composé d'os de corbeau, il dit que cela protège du mauvais sort. Cet étrange homme a réuni tous les marabouts du monde. En fonction du nombre de ceux-ci, il a construit la ville. La nuit, quand le village était en construction, les hommes dormaient dans la forêt la plus proche. Mais ne vous inquiétez pas pour vos pouvoirs, vous en apprendrez bientôt de nouveaux.
- Pourquoi dis-tu ça ?
- Vous verrez, vous verrez. Mais maintenant, tous au labo ! »


* * *


Surprise ! Un nouveau pouvoir ! Quel pouvoir ?
Les Dutapis se posaient la question sans pouvoir y répondre, ce

5

qui les énervait profondément. Jack avança jusque dans le labo, mais en ressortit aussitôt.
l prévint ses parents de rester dans la pièce. Ils l'entendirent qui montait les escaliers, cherchait quelque chose dans le salon.
Il revint quelques instants plus tard avec une chaise empruntée à la grande table. Il s'assit, sous l'oeil étonné de ses parents. Qu'allait-il bien pouvoir faire ? Véronica s'inquiétait pour sa chaise, qui lui avait été offerte par sa mère.
Elle valait très cher. Des rumeurs disaient qu'elle eût appartenu au roi Louis XIV, à cause du soleil gravé sur
l'un de ses pieds. Mais personne n'aurait pu le prouver.
Bref. Jack s'assit donc sur cette chaise « royale », puis dit :

« Le pouvoir, c'est ça ! »

On le vit se concentrer. Quelqu'un apparut dans son dos, quelques secondes après : lui-même ! Il avait créé un
clone de lui ! Ils bougeaient tous les deux en même temps, puis dansèrent, ce qui fit beaucoup rire M. et Mme Dutapis.
Puis le double disparut.

« Voilà, dit Jack, le pouvoir. Grâce à lui, on peut créer un clone de soi, puis le commander à distance. On ne peut en créer qu'un à la fois, mais il y en a à l'infini. Je veux dire par là que si votre clone est tué, vous n'avez qu'à en créer un autre. C'est simple, non ? Allez, c'est à vous ! »
Ses parents se regardèrent, étonnés.
« Mais...tu ne nous as pas dit comment faire !
Ah ! Suis-je bête ? Vous devez vous concentrer, et dire silencieusement cette formule :
Moi en double,
Moi en double,
Je veux devenir puissant.
Après, vous devez donner dans votre tête l'ordre à votre clone d'aller à l'endroit que vous voulez.
Vous voulez essayer ? Vas-y, maman. »

Celle-ci était ravie, car elle avait toujours rêvé d'avoir une soeur jumelle. Elle réussit sans trop de difficultés.
Son mari, quant à lui, envoya son clone lui chercher une glace à l'italienne, que Véronica mit à la poubelle, comme la précédente.

Le pouvoir enseigné, le couple Dutapis ne cessait de s'amuser avec. Les clones et les originaux se disputaient, et disaient :
« C'est lui qui a commencé » ou « c'est elle qui a commencé ». Ils firent même peur aux passants, en apparaissant d'un côté, puis de l'autre. Si bien que Jack en eut assez.

Il hurla, un soir :
« Ca suffit ! Je vais vous retirer ce pouvoir, si ça continue ! J'ai reçu, moi, des plaintes ! Des plaintes contre vous
deux...quatre. Mais qu'est ce que vous avez, à la fin ? Vous ne pouvez pas vous tenir tranquilles deux secondes ?
Il faut que ce soit moi, votre fils, qui vous le dise ? Ce pouvoir n'est pas un jouet ! J'ai vu la pauvre Mme Dushnok revenir chez elle en pleurant, tellement elle avait peur. Et tout ça à cause de qui ? De vous !
- Beuh...il ne faut pas nous gronder ! Snif...snif...
- Ca suffit ! Maman ! Pourquoi as-tu un clone aussi insupportable?
- Mais ce n'est pas ma faute !
- Oh, et puis j'en ai marre ! Je monte dans ma chambre ! »

Et le petit monta et s'enferma à double tour.
* * *

Bientôt, plus aucun bruit ne se fit entendre. Les parents de Jack avaient arrêté leurs bêtises, et n'étaient à présent plus que les originaux. Il était environ 20 heures 30 et le dîner allait être servi. Mme Dutapis appela son fils du bas de l'escalier.

« Jack ?
- Non !
- J'ai préparé des bonnes frites...
-J'arrive ! »

Le petit redescendit en bas.

« Tiens ! Vos doubles infernaux ne sont plus là ?
- Nous les utiliserons en temps voulu ! lui dit sa mère.
- Voilà qui est mieux. Au fait, vous voulez voir les marabouts de PENKTESH, oui ou non ?
- Bien sûr ! Nous pourrions y aller demain ?
- Demain ? Pourquoi ? Il y a quelque chose de prévu ?
- Non, non. Rien de particulier.
- Très bien. Alors nous irons. »

Puis les Dutapis se mirent à table. Une bonne odeur de steak flottait dans l'air.
Tout à coup, en plein dîner, un énorme bruit fit trembler toute la maison. Cela venait du premier étage. M. Dutapis s'écria :

« Le deuxième...
Le deuxième démon, oui. Je pense.
Chez nous ?
N'importe où, n'importe quand, n'oubliez pas. Nous allons avoir besoin de nos clones. Vite ! Nos doubles au premier ! »

La seconde d'après, ils n'étaient plus trois, mais six. Deux Jack, Deux Véronica et deux M. Dutapis.

Les trois copies grimpèrent l'escalier et arrivèrent au premier. Une énorme patte velue dépassait d'une armoire.
La porte de celle-ci éclata et on vit bientôt apparaître le corps tout entier : une mygale ! Une seule piqûre de l'arachnide et c'était fini !
Un des doubles lança un éclair, qui ne fit que ricocher et lui retomber dessus. Plus que deux...
Soudain, Mme Dutapis ( l'originale ) eut une idée. La famille avait chez elle une grande lance qu'elle avait rapportée d'Afrique après un voyage dans ce pays.
Véronica utilisa la télékinésie, pour la donner à sa copie.
Celle-ci la saisit, mais se fit piquer par la grosse bête poilue.
Il ne restait plus qu'un clone : celui de Jack. Il saisit
à son tour la lance, esquiva quelques coups portés à son égard, puis planta l'objet dans le ventre de l'araignée.

Celle-ci explosa dans un nuage gris de poussière. Jack félicita son clone, puis queques instants après ils étaient
de nouveau trois dans la maison du 8, rue des Augustins.

Il était 20 heures 40, on mangea puis on alla au lit.
Le lendemain, on irait voir les marabouts de PENKTESH.


* * *

6

Le lendemain, il y avait dehors un soleil radieux.
C'était le temps idéal pour une visite.
Les Dutapis firent leurs préparatifs, puis sortirent de chez eux. Là, M. Dutapis rentra dans sa voiture avec son fils et sa femme. Jack lui dicterait le trajet. On partit.
Le petit donnait toutes les explications. Soudain, dehors, le soleil se cacha et il commença à pleuvoir. C'était embêtant. Il fallait marcher durant un kilomètre à pieds, au moins, avant d'atteindre le village caché.
Mais il fallait bien s'y résigner. M. Dutapis arrêta la voiture à l'endroit indiqué par Jack. Toute la famille sortit. La marche commença.

On passa d'abord dans de l'herbe. De la mousse poussait sur un tronc d'arbre tombé à cause d'une tempête. Des
sauterelles sautaient de parts et d'autres de la grande étendue verte.

Puis on entra dans une forêt. Les arbres étaient tellement rapprochés qu'il fallait se mettre à la queue leu leu. Il y
avait des fougères ça et là, ainsi que beaucoup de boue.
Soudain, les Dutapis virent un panneau, où était écrit : VILLAGE DES MARABOUTS : PENKTESH.

« C'est ici, déclara Jack.
- Comment fait-on pour y accéder ?
- Il faut grimper.
- Quoi?
- A toi l'honneur. »

La famille monta sur les hauts arbres. Là se tenaient des huttes. Sur l'une d'elle était écrit : YAKOLENDA, CONSTRUCTEUR DU VILLAGE DE PENKTESH.
Jack frappa. Une grosse voix se fit entendre :

« ENTREZ » !
Nos amis rentrèrent.

« JE PEUX FAIRE QUELQUE CHOSE POUR VOUS ?
- Bonjour, Monsieur. Mes parents désireraient apprendre quelques pouvoirs en plus.
- COMMENT ! ! ! » hurla le marabout.

Avec son collier en os de corbeau et ses habits en peaux de bêtes, il était vraiment terrifiant. Jack répéta :

« Mes parents voudraient apprendre quelques pouvoirs.
- JAMAIS ! ! !
- Pourquoi ça, Monsieur ?
- LES SECRETS DES MARABOUTS DOIVENT RESTER SECRETS !
- Mais juste un, pas plus ! Nous avons fait tout un trajet pour venir vous voir ! S'il vous plaît !
- J'AI DIT NON ! PARTEZ !
- S'il vous plaît, Monsieur YAKOLENDA !
- JE VAIS ME FÂCHER !
- Très bien, très bien ! »

Jack, son père et sa mère durent s'en aller. Mais ils étaient là pour apprendre un pouvoir, et non pour se faire
virer. Ils se cachèrent jusqu'à la tombée de la nuit.

* * *

Le soir venu, Jack parla à ses parents.

« Nous allons, dit-il, voler le livre avec tous les pouvoirs. Nous n'aurons plus qu'à les apprendre.
- Mais...ce n'est pas bien ! On risque de se faire tuer !
- Non ! Nous allons envoyer nos doubles. Pendant ce temps, nous serons dans la voiture. S'ils se font tuer, nous partirons le plus rapidement possible.
- C'est une très bonne idée. »
-
Ils allèrent jusqu'à la voiture, puis créèrent des clones. Ils les envoyèrent .

« Allez-y, dit Jack, prenez le grand livre dans la hutte de YOKOLENDA ».
« Très bien » ! répondirent les clones.

Puis ils partirent. Véronica dit :

« Je me sens surveillée.
- Ne dis pas de bêtises !
- Je te jure !
- Mais non ! »
-Mais si ! »

En effet, en ce moment même, quatre paires d'yeux étaient fixées sur notre famille.
C'est Jack qui le remarqua en premier.
« Pas de bruit, chuchota-t-il, on est surveillés. Tu avais raison,
maman. Papa, démarre la voiture et enclenche la
vitesse maximum.
- D'accord.
- Maintenant ! »

M. Dutapis démarra d'un coup sec et les marabouts n'eurent pas le temps d'arrêter la voiture. Dans le calme de la nuit, un bolide roulait.

* * *
Arrivés à la maison, les trois Dutapis rentrèrent le plus vite possible.

« Mon dieu, s'exclama Mme Dutapis, j'ai eu la peur de ma vie !
- Je t'accorde que ces marabouts étaient effrayants, admit Jack.
- Pourquoi ne voulaient-ils pas nous apprendre de pouvoirs ?
- Je ne le sais pas plus que toi.
- Et nos clones ?
- Ils sont morts, à l'heure qu'il est.
- Vous voulez à manger ?
- Oui. Je veux bien.
- JAMAIS !
- Pourquoi ?
- LES SECRETS DE CUISINE DES DUTAPIS DOIVENT RESTER SECRETS ! »

Cela fit rire tout le monde.
Puis on alla au lit. Véronica rêva qu'elle était une femme marabout.
Personne n'entendit le bruit des clones qui rentraient, mais malheureusement sans le livre...

CHAPITRE N°4 : VISITE CHEZ MONSIEUR CONCOMBRE



Le lendemain, Jack se réveilla avant ses parents, ce qui lui permit de passer un coup de fil.

« Dring ! Dring ! »
Le téléphone sonna chez Monsieur Concombre, un des plus grand magicien de l'époque. Il avait déjà gagné de nombreux concours de magie. Son bureau était vaste, composé de plusieurs étagères, quelques plantes, un bureau et bien sûr les accessoires qui allaient avec. Le magicien décrocha :

7

« Oui Allo ? Monsieur Concombre à l'appareil !
- Monsieur Concombre ?
- Qui est à l'appareil ?
- Bonjour, Monsieur ! C'est Jack !
- Oh ! Jack ! Comment vas-tu ?
- Très bien, et vous-même ?
- Oh...ça va, ça va ! Et tes parents ?
- Ils vont bien, eux aussi.
- Pourquoi m'appelles-tu, Jack ?
- Je voudrais prendre un rendez-vous.
- C'est à propos du...
- Oui. Mais je ne peux pas en parler, sinon mes parents vont entendre. Et ce ne sera plus une surprise.
- Donc tu veux un rendez-vous ? Voilà. Ne quitte pas. »

L'homme feuilleta son agenda. Il tournait les pages avec ses mains aux doigts crochus. Il s'arrêta sur le vendredi.

« Vendredi, tu pourrais ? Quinze heures ?
- Sans problème, je pense.
- Très bien. Voilà qui est réglé.
- Dites bonjour à votre secrétaire de ma part
-Je n'y manquerai pas. A vendredi !
- Salut ! »

Puis la conversation s'arrêta.

M. et Mme Dutapis descendaient justement les escaliers.
Véronica interrogea son fils :
« Que faisais-tu ?
- Je téléphonais.
- A qui donc ?
- A quelqu'un.
- Qui?
-Je ne peux pas te le dire. Ce ne serait plus une surprise. Au fait, vous êtes libres, vendredi, quinze heures ?
- Oui.
Très bien. Je monte dans ma chambre.
Vas-y si tu veux ».

Puis l'enfant monta. M. Dutapis en profita pour parler avec sa femme.
« Je me demande ce qu'il mijote.
- Je n'ai pas la réponse plus que toi.
- Tu penses que ça a un rapport avec ce qu'il nous a dit l'autre jour ?
- A savoir ?
- Que nous allions bientôt apprendre de nouveaux pouvoirs.
- Je crois que t'as mis la main dessus. Jack ?
- Oui?
- Tu peux descendre, s'il te plaît ?
- J'arrive ».

Il descendit les escaliers.
« Que se passe-t-il ?
- Est-ce que ton mystérieux coup de téléphone...
- Oui?
- ...a un rapport avec ce que tu nous a dit il n'y a pas longtemps ?
- Qu'est-ce que je vous ai dit il n'y a pas longtemps ?
- Que nous apprendrions bientôt de nouveaux pouvoirs.
- Peut-être...
- Seulement peut-être ?
- Seulement peut-être.
- Très bien.
- Je peux remonter ?
- Oui. Vas-y. Je t'appellerai pour le déjeuner.
- A tout à l'heure, alors.
- Ouais, à tout à l'heure ».

Véronica alla dans la cuisine pour préparer le déjeuner. Elle se demandait ce que voulait dire ce PEUT- ETRE...
Quand on dit peut-être, ça veut dire ou oui, ou non. Mais à qui Jack aurait-il put téléphoner, à part à quelqu'un qui soit en rapport avec ça ? Le « peut-être » voulait dire OUI, elle en était sûre, à présent.

* * *

A midi, la petite famille était à table. Jack sentait bien que ses parents le fixaient, et ça l'énervait profondément.
« J'ai dit que c'était une surprise. Une surprise, c'est une surprise, et ça ne se dit pas à l'avance. N'insistez pas, vous ne saurez rien.
- Mais ce n'est pas grave ! Nous n'insistons pas !
- Alors pourquoi est-ce que vous me scrutez comme si j'étais un assassin ?
- Nous ne te scrutons pas ! Tu te fais des idées !
- Oui, oui ! Bien sûr ! Je vous crois.
- Inutile de préciser que c'était ironique.
- Bon, je vais m'éclipser.
- Non, non ! Il y a une minute que tu es passé à table. Reste ici !
- Et si je ne veux pas ?
- C'est un ordre.
- Très bien ! Très bien ! Mais inutile d'essayer de m'arracher les mots de la bouche, vous n'y parviendrez pas.
- Franchement, ça a un rapport ?
- Qu'est-ce que je viens de dire ? Si vous continuez ainsi, je supprime la surprise, et puis c'est tant pis pour vous.
- D'accord. On se tait
- Merci. Ces pâtes sont délicieuses.
- Tu en veux encore ?
- Volontiers.
- Alors dis-nous ce qu'est la surprise.
- Je n'aime pas le chantage. Bon appétit quand même ! »

Puis il sortit de table et s'installa dans le jardin pour lire un livre.

* * *

Au dîner, la comédie recommença. Ses parents inventèrent toutes sortes de stratagèmes pour le faire parler. Mais il restait muet comme une carpe. Ses parents finirent par se lasser et ne lui posèrent plus de questions.
Jack le remarqua, et le lendemain, au déjeuner, il prit la parole.
« Et bien ? Vous ne posez plus de questions ?
- A quoi bon ? lui dit sa mère. Une surprise est une surprise, non » ?

De toutes évidences, elle était énervée. Son visage était rouge comme une tomate, ses mains tremblaient et cela faisait vibrer la table.
« Pas la peine de t'énerver de la sorte, maman. Nous sommes vendredi, aujourd'hui. Vous allez connaître la surprise cette après-midi même ».

A ces mots, Véronica fut apaisée. Elle retrouva son sourire et fit des crêpes à tout le monde, comme dessert.

8

Puis l'heure de la surprise vint. M. Dutapis prit sa voiture, et Jack le guida, comme il l'avait déjà fait une fois pour aller à PENKTESH. Il arrêta son père en plein centre-ville.
Là se dressait un haut immeuble de vingt étages. Les Dutapis rentrèrent, une secrétaire demanda le nom. Jack expliqua qu'il avait pris rendez- vous.
La secrétaire lui indiqua un ascenseur, où il rentra accompagné de son père et de sa mère.
La grande boîte s'arrêta au dix-huitième étage. Là, face à l'ascenseur, il y avait une porte portant l'inscription : M. CONCOMBRE.
« Monsieur Concombre ? s'étonna Mme Dutapis. Qui est-ce ?
- Tu vas voir, maman ».
Jack frappa.
« Entrez « »!
Ils entrèrent
« Jack !
- Monsieur Concombre !
- Alors, comment ça va ? \
- Très bien, très bien !
- Quel plaisir de te voir !
- Et moi donc !
- Ce sont tes parents ?
- Oui, c'est bien ça.
- Bonjour, Messieurs dames ».
« Heu...bonjour » ...répondit Véronica.
« Enchanté » ! déclara son mari.

Les deux hommes échangèrent une poignée de mains.
« Venez prendre place » ! dit Monsieur Concombre. « Jack, tu voulais me voir au sujet du stage ?
- Voilà ».
« Un stage » ? questionna M Dutapis.
« Oui, expliqua Monsieur Concombre, un stage dans un château. Vous apprendrez de nouveaux pouvoirs et tout les deux jours, une créature sera libérée. Il faudra faire vos preuves contre elle ».
« Et ça commence quand »? demanda Véronica.
« Ce soir.
- Ce soir ?
- Oui, ce soir.
- C'est à dire que...je suis prise de cours ! Je ne m'en doutais pas le moins du monde !
- Maintenant vous savez.
- Allez, maman ! Papa ! C'est trop bien ! Vous qui vouliez apprendre de nouveaux pouvoirs !
« Et bien, c'est d'accord »! dirent en même temps ses parents.
« Super » ! s'écria Jack.
« Vous avez juste à remplir ce formulaire », expliqua Monsieur Concombre.
Il leur tendit un petit papier, où il y avait les inscriptions suivantes :
« M. et Mme
Allons participer à un stage
Du …au...
Signature…

Véronica s'en empara, puis le remplit.
« Voilà » ! dit-elle en rendant la feuille au magicien.
« Merci. Vous pouvez préparer vos affaires. Rendez-vous ici, dans trois heures. Un car vous attendra et vous partirez au château.
- D'accord. Merci, Monsieur Concombre. A la prochaine !
- Oui. A bientôt. De toutes façons je viens au stage.
- Très bien. Dans ce cas, nous nous verrons là-bas.
- A tout à l'heure ».

Les Dutapis rentrèrent chez eux et préparèrent leurs bagages. Ensuite ils retournèrent au grand immeuble où un car les attendait.
Un quart d'heure plus tard, ils pénétraient dans le château...


CHAPITRE N°5 : LE STAGE AU CHATEAU



Le car s'arrêta face à l'imposante demeure. Une grande allée de graviers y menait. La bâtisse possédait deux tours. Les grandes fenêtres laissaient apparaître les rideaux.
Ceux-ci étaient rouges et maintenus par un cordon or. De l'extérieur, tout ça semblait bien beau.

Les Dutapis avancèrent et les graviers craquèrent sous leurs pas. Quelques haies bordaient ce sentier, et des écureuils sautaient d'arbres en arbres. La famille n'avait pas encore vu les autres personnes qui feraientle stage.
Les cars étaient particuliers, et arrivaient tous à une heure différente. Il pleuvait légèrement. Mais les Dutapis ne s'en étaient pas rendu compte. Ils étaient trop contents.

Ils arrivèrent finalement à la grande porte de bois. Ils l'ouvrirent, puis entrèrent. A l'intérieur se tenaient déjà trois autres familles, dont l'une avec une petite fille de l'âge de Jack. Ce fut justement elle qui prit la parole en première. Elle s'avança vers le garçon.
« Salut ! Je m'appelle Miranda, et toi ?
- Jack.
- Enchantée, Jack !
- Ravi.
- J'ai amené un jeu de carte. Tu veux qu'on y joue ?
- Il n'y a pas de problème.
- Je sens qu'on va bien s'entendre tous les deux. Pour l'instant, nous sommes les deux seuls enfants du stage ».

Jack pointa un doigt vers une petite table installée dans un coin.
« Mettons-nous là-bas », proposa-t-il.
Puis ils s'installèrent.

* * *

Pendant ce temps, les adultes discutaient entre eux.
« Ils s'entendent déjà bien », constata une grosse femme à lunettes. Elle portait un T-Shirt rouge et un pantalon noir.
« Vous êtes la mère de cette charmante petite fille, qui est avec mon fils » ? questionna Mme Dutapis.
« Non, ce n'est pas moi. Je suis sa tante, Mme Track. Je travaille pour une agence de mannequins ».
« Ah bon ? » s'étonna M. Dutapis, sans pourtant le montrer.
L'assemblée cachait un sourire.
« Bien sûr, continua la grosse femme, je recrute. Je ne pourrais pas être mannequin, comme vous l'avez sûrement remarqué ! Mais le fait d'être une femme forte ne me gêne pas le moins du monde. Tiens,voilà ma soeur. C'est elle, la mère de la petite fille avec votre enfant ».

Une femme mince, aux cheveux blonds très clairs - on aurait presque dit qu'ils étaient blancs - s'avança au milieu des autres.

9


« On parle de moi » ?
« Oh, répondit Véronica, en bien, ne vous inquiétez pas. Je disais simplement que votre petite fille est ravissante. Ce n'est que la vérité ».
- Votre petit est mignon aussi, vous savez. Johanne Grapefruit. Enchantée de faire votre connaissance, Mme...heu...
- Dutapis, l'aida Véronica.
- Ma fille s'appelle Miranda.
- Le mien s'appelle Jack.
- Jack ? Mon mari aussi.
- Et vous, quelle est votre prénom, Madame Datipis ?
- Dutapis, s'il vous plaît Je m'appelle Véronica. C'est votre fille, qui vous a poussés à faire le stage ?
- C'est plutôt le contraire. Je suis impatiente d'être à demain.
- Pourquoi cela ?
- Nous allons combattre la première créature.
Sans cours ?
- Les cours commenceront le jour suivant Ils veulent d'abord nous tester.
- Je n'étais pas au courant.
- Allons nous asseoir, nous serons mieux. »


Et les deux femmes, comme leurs enfants quelques instants auparavant, s'installèrent tranquillement.

* * *

Les deux maris discutaient également entre eux.

« Après nos femmes et nos enfants, nous devons sympathiser » ! s'était exclamé M. Dutapis.
« Tout à fait d'accord avec vous », avait répondu l'autre. « M. Grapefruit , Jack Grapefruit.
- Jack ? Exactement comme mon fils !
- Coïncidence. Et vous, quel est votre prénom ?
- Georges. Georges Dutapis.
- C'est ma femme qui nous a forcés, ma fille et moi, à faire le stage. Nous ne voulions pas. Mais on a bien réfléchi. Après tout, du moment que ça lui faisait plaisir...
- C'est notre fils qui nous a forcés à faire le stage. C'est surprenant, n'est-ce pas ? Mais nous avons réagi comme vous.
- Après tout, cela ne peut nous faire que du bien.
- C'est exact. De toutes façons, je rêvais d'apprendre de nouveaux pouvoirs. Nous n'en connaissons que quatre : la télékinésie, les mains électriques, la téléportation et le dédoublement.
- On a beaucoup de points communs, alors ! Je connais exactement les mêmes pouvoirs, figurez-vous.
- Je ressens une grande excitation chez les gens. Mais qu'ont-ils tous ?
- Rien. Une stupide histoire de créature.
- Créature ?
- Oui. Demain, nous devrons combattre un monstre.
- Et les nouveaux pouvoirs, alors ?
- Seulement à partir d'après-demain, cher monsieur.
Moi qui étais venu pour ça ! »

***

Dix minutes plus tard, une nouvelle famille arriva, composée de deux femmes et deux hommes.
Chacun avait un style très différent.

La première femme était grande, un peu grassouillette. Elle portait un gros manteau de fourrure, de grandes bottes, un chapeau vert et un pull marine.
La deuxième était son parfait contraire. Elle était si maigre que la voir faisait un peu peur. Elle avait la taille d'un enfant de douze ans. Ses chaussures étaient à talons, pour paraître plus grande. Tous ses habits étaient noirs. Elle portait un béret.
Le premier homme portait un costar cravate. Il s'était mis beaucoup de gel, et cela se voyait. Ses chaussures étaient toutes bien cirées.

Le second avait de vieux habits. Ses cheveux étaient en bataille. Ses chaussures étaient sales.
Qui auraient pu croire qu'ils étaient tous frères et soeurs ?


* * *


Pendant ce temps, Jack et Miranda jouaient toujours aux cartes. La petite fille avait gagné deux parties sur trois. Ils en étaient à la quatrième.
« Gagné ! cria soudain Jack.
- Egalité, alors. Il faut jouer une cinquième partie.
- Eh, miranda ? chuchota Jack.
- Oui?
- Tu les a vus, ceux qui viennent d'arriver ?
- Oui, pourquoi ?
- Qu'est-ce qu'ils sont bizarres !
- Ne juge pas sur les apparences.
- Tu crois que la grosse dondon est la femme de « Monsieur Bon chic bon genre » ?
- Comment veux-tu que je le sache ?
- Tu as raison. Bon. Vas-y. »

Et une nouvelle partie commença.



CHAPITRE N°6 : LES FANTOMES




Le jour suivant, les Dutapis se réveillèrent dans la pénombre la plus totale. L'excitation était à son comble :
la première créature allait être lâchée. Un zeste de peur se mêlait tout de même à cette joie incertaine. Y aurait-il des morts ? Mon dieu, ce serait terrible !
Finalement, peut-être était-ce plus dangereux que prévu ?
Jack prit soudain la parole.
« Je dois vous recommander quelques petites choses. Le stage sera sûrement difficile. Nous devons rester ,prudents et ne jamais nous séparer.
« Compte sur nous » ! s'exclama son père.
« Yes » ! continua sa mère.
Puis ils descendirent, à leurs risques et périls !...


* * *

Les escaliers étaient en marbre. Le décor rappelait celui d'un film d'horreur quelconque. De grandes torches se tenaient dans de grands chandeliers. Elles n'étaient pas allumées le jour, c'est évident, mais elles servaient bien, le soir, lorsque, quelques années auparavant, d'autres sorciers se racontaient des histoires à
mourir de trouille, dans une veillée horreur...

10

Le hall était sensationnel, lui aussi. Quatre grandes colonnes y avaient été construites. Sur chacune d'elle se trouvait une grande feuille, expliquant la vie du démon en haut des grands bouts de marbres. Car, si les colonnes étaient belles, il y avait en plus une tête de démon qui se dressait à chaque sommet...
L'une des feuilles attirait plus particulièrement l'attention que les autres, pour deux raisons. Premièrement, elle était très longue.
Et deuxièmement, de petites tâches rouges se tenaient un peu partout sur la feuille : du sang...

Jack s'approcha et lut :

« 200 ans se sont déroulés depuis la disparition du guerrier
piquant à cinq têtes. Ce monstre était un mélange d'ogre et de vampire. Il était même, d'après quelques potins, le
fils des célèbres Capitula et Octoclasme. Ses deux parents ayant accompli des choses horribles eux aussi on raconte qu'un soir, alors que la lune n'était pas tout à fait pleine, Capitula suça le sang d'un homme jusqu'à ce que celui-ci devienne livide et s'écroule de douleur. On ne sait point s'il mourut sur le coup, ou bien s'il devint vampire par la suite.
Quant à Octoclasme, il écrasa une famille toute entière, et avala les débris qu'il restait, leur enfant eut le même instinct et se tourna vers le monde de l'enfer et de la pénombre. Voici quelques-unes des dates les plus importantes à son égard :
1978 : il extermine une école toute entière. Heureusement, il n'y avait que quelques personnes en classe ce jour-là.
1980 : incendie volontaire dans la forêt de Cleartfood, il fallut 450 pompiers pour en venir à bout, et cela dura une semaine toute entière.
1984 : après quatre années de repos, alors que tout le monde le croyait mort, il détruit un pont entièrement, avec les personnes qui étaient dessus, bien sûr.
1987 : il change son apparence, se transforme en bourreau, et torture 3000 personnes au hasard.
1991 : alors que des policiers recherchent l'horrible chose, ils sont retrouvés morts quelques jours après, la tête
tranchée, gisant dans une clairière comme quelques feuilles mortes.
1997 : le ministère des affaires étrangères de la ville de Strucon est démoli.
Ces dates sont les plus importantes, mais il y en a, hélas, bien d'autres...
Par exemple, ne vous êtes-vous pas demandé d'où provenaient ces gouttelettes de sang sur la feuille ? Et bien, il a
pris des échantillons de sang des millions de victimes qu'il a pu tuer. Nous avons retrouvé quelques-unes des précieuses fioles dans une caverne et nous les avons versées sur cette feuille.
De nos jours, nous ne savons pas ce qu'est devenu le guerrier piquant à cinq têtes.
Certains pensent qu'il est mort, d'autres qu'il vit bel et bien encore.
Quant à nous, nous pensons qu'il prépare un incroyable coup d'éclat pour les années à venir.
Alors, gentes dames et seigneurs, restez bien prudents.
Anonyme... »

Tandis que Jack finissait de découvrir les aventures de « celui qui avait cinq têtes », son père s'était dirigé vers une seconde colonne, surmontée d'une tête de harpie. La fiche disait :
«Apocalypsa la harpie.
Cette chose était née de l'union d'une plante avec le soleil.
Elle avait été élevée dans l'étang de Strubrown. Voici quelques dates à retenir. »

« Ce n'est pas très varié ! déclara Monsieur Dutapis. La fiche est basée sur le même modèle exactement que les trois autres ! ».
Cela dit, il continua tout de même à lire :

1234 : Apocalypsa commet un meurtre au beau milieu de la nuit. La victime est retrouvée le lendemain, dans la Seine, coupée en quatre.
1345 : Une femme disparaît dans de mystérieuses conditions.
1987 : des centaines de chats sont retrouvés dans les caniveaux, avec leur maîtres, égorgés. Un petit bristol signé Apocalypsa. . .
C'est tout ce que l'on sait de cette affreuse chose qui en quelques années tua tant de monde.
Idem pour les trois autres monstres, on ne sait ce qu'elle est devenue depuis. Des chercheurs sont allés chercher à l'étang de Strubrown, mais ne sont jamais revenus... »

« Et bien dis donc, s'exclama M. Dutapis, ça fait froid dans le dos, tout ça...
Si nous avons à combattre une créature telle que ces trois-là aujourd'hui, je pense que l'on pourrait bien y rester. Et dire que je me réjouissais à l'idée de ce stage !
- Mais papa, rassure...
- Ca suffit, Jack ! Tais-toi donc ! Ta mère et moi-même ne tolérerons plus, à l'avenir, ces ordres habituels que tu nous envoies. Alors, à partir d'aujourd'hui, nous redevenons les adultes, et toi l'enfant, c'est bien clair ?
- Très bien, très bien, mais...
- Il n'y a pas de mais qui tienne. Nous sommes une famille, et je compte bien à ce que nous soyons normaux comme tout le monde. C'est pourquoi... »

Il ne put finir sa phrase, car il fut interrompu par un énorme bruit. Il provenait du haut des escaliers, aussi tous le fixèrent.
Trois fantômes surgirent.
L'un avait encore une corde autour du cou car il avait subi le supplice de la pendaison.
Le second n'avait plus de jambe et du sang avait séché sur sa cape.
Et le dernier avait la tête coupé en deux. C'était horrible de voir les deux parties qui se balançaient chacune d'un côté.

L'un après l'autre, les trois hommes invisibles descendirent les escaliers quatre à quatre et firent un discours d'adieu à tous les gens présents dans la grande salle.

« Votre dernière heure est arrivée. Nous sommes désolés de devoir vous tuer si vite. C'est vrai, après tout, on ne se connaît même pas. Faisons connaissance d'abord. Je m'appelle John Presleyte. Je suis un ancien bourreau. Vous ne pouvez pas savoir la satisfaction lorsque je voyais quelqu'un que je n'aimais pas mourir dans d'atroces souffrances ! Mais, comme vous pouvez le constater, les familles de victimes n'ont pas tardé à se venger. Et comme vous le voyez, il m'ont fait passer à la guillotine. Mais le mécanisme a mal fonctionné et ma tête s'est coupée en deux. Pile juste au milieu du visage. Il y a des années que je n'ai plus
fait souffrir quelqu'un. Alors je vais passer mes nerfs sur vous ! Ah ! Ah ! Ah »!

11

« Bien parlé, John. Moi, je suis Andy. Andy Brock. J'étais mêlé, c'est le moins que l'on puisse dire, à de sombres affaires. Meurtres, vols, j'étais partant pour tout. J'ai même mis le feu, une fois, à un asile. Les fous se sont tous précipités dans les flammes, et je riais aux larmes. Seul le directeur a pu s'échapper,
mais je l'ai rattrapé. Je l'ai assommé grâce à une matraque que je gardais sur moi tous les jours, et, à son tour, je l'ai jeté dans les flammes. Il est mort, certes, mais je ne riais plus du tout. Car il n'a pas souffert. Je suis diabolique comme mon ami John et je vous exterminerai tous !
Oh ! Pardon ! Je ne vous ai pas parlé de cette odieuse corde qui entoure mon cou.
Un soir, alors que je m'apprêtais à faire sauter une pension, un policier est arrivé juste à temps. Et j'ai eu droit à la pendaison. Juste avant de respirer une dernière fois, j'ai vu la foule rire aux éclats. Mais ils sont tous morts, les uns après les autres, d'une étrange maladie. Et qui en était la cause ? Inutile de préciser que c'était moi, bien entendu.
Mais la dernière histoire, que mon ami Michael va vous raconter, est aussi horrible que celles que vous venez déjà d'entendre. Alors, écoutez bien »...

« Comme le pendu vient de vous l'expliquer, je m'appelle Michael et mon histoire vaut le détour. Je suis né de bonne famille.
A 18 ans, j'ai quitté la modeste maison que je partageais avec mes parents et j'ai fait l'armée. Mais il se trouve qu'un beau jour, j'ai vu deux des hommes de notre tribu se faire torturer.
J'ai tout d'abord eu mal pour eux. Mais je me suis vite rendu compte que la vue des tortures me plaisait. Aussi j'ai quitté l'armée ce jour-là, ayant comme prétexte que ma famille me manquait trop et que je ne pouvais continuer sans la voir d'avantage.
On me laissa donc partir. Je pris un bateau qui m'emmena jusqu'aux Etats-Unis, où je découvris très vite une bande de
cow-boys. Leur principale activité était le terrorisme. Tortures, vols, meurtres...
Je retrouvai dans cette liste tout ce qui me plaisait.
Je me souviens d'un homme qui nous avait jeté un
mauvais regard. Nous l'avons tapé, envoyé des choses à la tête. Mais nous ne savions pas que cet homme était un puissant sorcier, qui nous jeta un terrible sort. A chaque mauvaise action que nous commettrions, un bout de notre corps disparaîtrait. J'ai eu la chance, comme vous pouvez le constater, de tomber sur les jambes. Certains de mes amis ont eu droit au ventre ou à la tête. Ceux-ci sont morts très vite. Car, bien sûr, nous avons continué nos méfaits. J'étais le dernier survivant et j'ai continué, sans penser à l'horrible malédiction qui planait sur moi, à enchaîner crimes sur crimes, meurtres sur meurtres. Il fallut vite que je m'achète un fauteuil roulant.
Puis, un jour, alors que j'étais rentré dans une maison pour la piller entièrement, le propriétaire m'a tiré une balle de son pistolet en plein coeur. Ce qui explique les tâches de sang sur ma tenue. Mais passons à des choses plus sérieuses... »

Les trois fantômes sautèrent sur nos pauvres amis. Des cris provenaient de partout
« Mon dieu ! La mort est proche ! »

Jack et ses parents essayèrent à maintes reprises de lancer des décharges. Mais malheureusement, cela passait au travers des invisibles.
Une colonne se fracassa, frappé par un autre sortilège. Le bruit était insoutenable.
Lorsque Jack eut une idée.
« J'ai trouvé ! s'exclama-t-il.
Tu as trouvé quoi »? interrogea son père, tout en esquivant l'un des morts qui allaient lui foncer dessus.
- La solution !
- Mais.. .quelle solution ?
- Comment tuer ces horribles choses !
- On ne peut pas nous tuer, renchérit l'un des morts, il faudrait être d'une puissance incroyable !
- as besoin de puissance, imbécile ! hurla Jack.
- De quoi alors, Monsieur l'incroyable ?
- De nos pouvoirs !
- Essaye un peu ! Ah, ah, ah !
- Ecoutez-moi tous, cria Jack, j'ai la solution. Mes parents et moi allons créer un clone de nous-mêmes grâce à notre pouvoir de dédoublement. Ceux-ci vont rentrer dans le corps des créatures. Les corps auront donc une consistance dure. Puis nous allons lancer un éclair à nos doubles, qui seront touchés, et tueront par la même occasion, pour toujours, les trois fantômes. »

Ceux-ci, ayant entendu, volèrent dans toute la salle, ne sachant plus quoi faire. Pendant ce temps, les Dutapis avaient créé leurs frères et soeurs jumelles.
« Mais, s'exclama Véronica, nous n'aurons plus jamais de clones, alors ?
- Nous avons nos doubles à l'infini. Mais nous ne pouvons les utiliser qu'un par un.
- Parfait ».

La plan commença. Chacun s'ordonna à lui-même ( si on peut dire ) d'aller dans le corps transparent des trois démons. Des cris se firent entendre. Trois, pour être exact .
Et devinez-vous de quelle bouche ils provenaient ?
« Je lance la décharge au pendu, déclara Monsieur Dutapis, c'est celui que j'aime le moins et que je trouve le plus cruel.
Très bien, dit Jack, dans ce cas, je prendrai l'estropié.
Quant à moi, rajouta Véronica, je prends « celui qui a perdu la tête ».

Ils le firent, et les trois horreurs finirent leur maudite vie dans ces conditions.

Inutile de préciser que Jack fut considéré comme quelqu'un d'incroyablement intelligent, après cet événement...



FIN PROVISOIRE

12

Adrien KRASNIQI

— Cette page est dédiée à notre fils, Adrien —