A mon ami Adrien

Adrien n'était pas susceptible, il a toujours pensé, ce qu'il disait pourtant sous forme de dérision. Sur le ton de l'humour, tel un acteur, Adrien entrait en scène. Il nous disait «je suis trop moche aujourd'hui », ce n'était pas de la susceptibilité, il lui importait peu qu'on lui dise «non, tu n'es pas moche Adrien» ... Adrien, lui, ressentait ce qu'il disait. Ces angoisses étaient "obsessives", car il était sûr de ce qu'il avançait. Pourtant Adrien, comme il nous aimait, nous le disait, mais n'en faisait pas cas. Il tournait en dérision ses boutons en s'inventant «super pizza », en se croyant bête il lisait des bouquins pour les nuls.

Sa vie était une pièce de théâtre, il pensait que son bonheur ne pouvait qu'être illusoire, les seules réalités qu'il maintenaient étaient le plaisir d'être ensemble et les fous rires partagés .... car dès que nous souriions, Adrien ne pouvait pas s'empêcher, lui aussi, de sortir de son rôle et de partager des moments de bonheur avec nous. Bien vite pourtant, il retournait dans sa bulle, jouant l'acteur, la cellule qui l'enfermait ne nous apparaissait pas.

Ce maître des illusions protégeait son public et ne voulait pas nous affecter de son malheur. L'acteur est sorti de scène, sans prévenir, car il n'attendait pas les applaudissements du public. En génie, il savait que s'il nous le disait, nous ne comprendrions pas, que nous ne pourrions pas le sauver, nous simple public, brouillé par les illusions que 1'acteur faisait naître. L'artiste n'attendait pas de réconfort, il savait tout l'amour que nous lui portions. Le dernier acte est la seule chose qu'il n'a pas partagé avec nous, ne laissant ainsi que des moments de bonheur, car, dans son silence, il ne laisse aucun coupable.

L'acteur en sortant de scène a fait tomber son masque. Ses derniers mots étaient pour sa famille, incontestablement la chose la plus importante pour lui. Il a toujours écrit sur vous, parlé de vous, et surtout de sa sœur, il 1'aimait tant, il était prêt à tout pour elle, voulait toujours la couvrir de cadeaux. Il ressemblait tant à son père, il m'a toujours dit qu'il 1'aimait, «Si jamais il m'arrive quelque chose, dis lui, je veux qu'il sache que je 1'aime». Sa mère était son guide spirituel, une femme de droit, une femme de courage, une femme qui ne s'est jamais plaint, une femme qui chérit son entourage et est toujours prête à tout pour ceux qu'elle aime. Ce sont ces traits qu'Adrien voulait comme qualités, c'est ce vers quoi il a toujours tendu; et ces qualités ont toujours été les siennes. Uni par la même foi, ces derniers mots étaient pour eux, il n'a jamais su comment leur dire je t'aime, mais il leur a dédié sa vie.

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Anne RAMBAUD

Ta meilleure amie

Le 24 Décembre 2010